dimanche 19 septembre 2010

Aran

J’ai donc passé toute une journée à Aran, profité d’un ferry qui partait très tôt le matin et d’un retour la nuit tombante. J’y étais allée il y a quinze ans, avais gardé en mémoire quelques images –la fameuse falaise, une dame qui tricotait un Aran Sweater au magasin pour touristes, et une fillette qui courrait après les mouton.


Il y avait cette fois ci beaucoup plus de touristes que dans mon souvenir. Le matin, je m’en étais moins rendue compte, car j'avais profité d’un ferry pas trop touristico-commercial (merci Lara !). Mais vers 11 heures, quand le premier des traversiers de Aran Islands Ferry est arrivé, ce fut comme voir des fourmis envahir l’île. J’avais déjà décidé de faire le grand tour à pied, en bonne marcheuse que je suis. J’avais laissé mon exemplaire de Bouvier (dois-je avouer mon bonheur que mon ex-libraire favorite ait deviné ce que je lisais en allant là bas !) à Galway -voulant, comme l'auteur, être "dépourvue" en arrivant là-bas-, et en y revenant je l’ai feuillette fiévreusement, cherchant cette citation : « En bons marins, les Aranais n’aiment pas marcher. Pour se rendre à un jet de pierre ils prennent leur vélo ou leur charrette. Île à carriole. (61) » car ce fut vraiment l’attitude des insulaires à mon égard. Surtout que maintenant, sur Inishmore, on trouve cinq ou six boutique de location de vélo. Avant, seuls les touristes marchaient. Maintenant, plus personne ne marche. J’ai bien pu voir les regards incrédules des passants en me voyant entamer l'acension jusqu’à Don Aeghesa (SP ?) ; certains s’arrêtaient, me demander en passant si vraiment je comptais marcher.

Deux charrettes se sont arrêté, trois minibus à touristes, un « local » dans sa voiture. Une vieille dame avec un rêche châle en laine étriqué a murmuré quelque chose que je présume être désobligeant –je ne suis même pas sûre si c’était de ‘anglais ou du gaélique. Je ne serais pas surprise qu’elle se soit signée après mon passage.




Une autre phrase de Bouvier me hante, et je ne la retrouve plus. C’est de ces phrases qu’on aimerait avoir écrites soi-même, tant elles correspondent exactement à ce que l'on pense. Quelque chose à l’effet que sur les lies d’Aran, comme dans certains autres endroits en Irlande, seul les peintres peuvent arriver à saisir les couleurs, les nuances, les changements dans l’éclairage qui change à chaque millimètre. Comme si cette beauté si nuancée faisait peur à la caméra ; et j’ajouterais, à la caméra numérique encore plus. Je crois -en pensant passant au film l’Homme d’Aran- qu’un savant mélange de pellicule de celluloïd, de lumière, d’acides acres et de papier épais pourrait quand même saisir un peu de la beauté élusive des lieux.  Mais j'aurais eu envie d'avoir un boîte de couleurs avec moi, et un oeil d'artiste, pour saisir tous ces jeux de lumière...

2 commentaires:

  1. Je suis jalouse, j'ai pas encore eu l'occasion d'y aller, merci de me faire visiter par procuration.

    PS: Pour le fort, c'est "Dún Aonghasa" (enfin je crois...)

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  2. tu as raison pour l'orthographe du fort, je voulais vérifier et ça m'est sorti de l'esprit...
    Essaie d'y aller un peu hors-saison -avant juillet ou après la mi-septembre, si tu as la chance... la prochaine fois, je veux aller voir les deux autres îles aussi et faire le plus cours vol commercial répertorié (3min 46!)

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