jeudi 1 juillet 2010

Boundaries




Dans un livre de blagues lu quand j'étais enfant -ou peut-être sur une enveloppe de Carambar que Jean-Luc et Suzie m'avaient rapporté de France- , il y avait une farce du type "avant, j'avais aucun enfant et sept théories sur comment on élève des gamins. Maintenant j'ai sept enfants et aucune théorie". Pas très drôle, je vous l'accorde.

J'y repense maintenant que je me penche sur le concept des "Boundaries", les limites interpersonnelles, physiques et psychologiques; celles entre patients et médecins, surtout mais aussi celles entre étudiants et superviseurs.

Je me souviens d'un cours -semblable à celui que je donne maintenant- quand j'étais Med2. Il était clair pour moi que jamais, au grand jamais, je ne traiterais des amis, ne renouvellerais des prescriptions de membres de la famille, ou ferait quelques passe-droits à qui que ce soit. Évidemment, tout contact physique non nécessaire au diagnostic était aussi à proscrire. Ma morale était claire.

Je ne suis pas trop certaine quand ça a changé. En résidence, quand j'ai accepté de regarder dans l'oreille d'une amie? Ou quand une collègue, atteinte de sclérose en plaques, m'a appelé pour renouveler son anti-inflammatoire car elle ne pouvait rejoindre son neurologue?
Quand une amie m'a demandé de prendre sa cousine comme patiente?
quand une amie m'a demandé de lui trouver un médecin sympa pour suivre sa grossesse?
Quand une étudiante m'a parlé des selles sanglantes qu'elle avait?
Quand je me suis rendu compte que j'avais étudié avec certains patients qui m'étaient assignés?

Je ne sais pas

Mais j'en suis rendue au point où hier j'ai vacciné le fils d'une de mes étudiantes, et qu'aujourd'hui durant un party je l'ai bercé pendant une heure car il était inconsolable.
Où quand je fais une fête à la maison,o n retrouve souvent deux ou trois paires de patients-médecins.
Que quelques patientes âgées me font la bise en quittant mon bureau.
Qu'il ne se passe pas une journée sans qu'un ami, une connaissance me demande un avis médical.

Le pire, c'est que je ne sais plus quoi en penser, moralement...

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